Que font nos élus des français de l’étranger? – Interview du sénateur Frassa

Monsieur le Sénateur, pourriez-vous nous présenter votre parcours, nous retracer vos débuts en politique et nous expliquer les raisons de votre entrée au Sénat ?

Je me suis engagé en politique assez jeune en militant au RPR. Comme je suis né et que j’ai vécu et travaillé à l’étranger, c’est tout naturellement que j’ai franchi le pas en me présentant à 26 ans en 1994 aux suffrages de mes compatriotes pour les représenter au CSFE, l’ancêtre de l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE).

Durant 14 ans de mandat à l’AFE j’ai essentiellement axé mon travail d’élu sur les questions fiscales et institutionnelles, en siégeant 6 ans à la commission des finances et des affaires économiques et 8 ans à la commission des lois.

En 2008, j’ai été désigné, par mon groupe, comme tête de liste pour les élections sénatoriales (seule instance à l’époque dont 12 parlementaires représentaient les Français de l’étranger) et, depuis mon élection, je siège à la commission des lois, dont je suis membre du bureau.

Comment définiriez-vous le rôle d’un Sénateur des Français de l’Etranger? Quels sont ses domaines d’intervention au service des Français de l’étranger ? Pourriez-vous nous donner un exemple concret de votre travail en ce moment ?

La cause des Français de l’étranger est pour moi un engagement mû par la passion d’agir pour que les Français de l’étranger soient traités comme des Français à part entière, ce qu’ils sont.

De 1946 (date de la création des sénateurs des Français de l’étranger) à 2012 (élection des premiers députés des Français de l’étranger), les sénateurs auront joué tous les rôles afin de représenter les Français dans le monde, étant la seule courroie de transmission entre les attentes des Français dans leurs pays de résidence et le gouvernement. Aujourd’hui, les Français de l’étranger disposent d’une représentation politique complète et identique à celle de nos compatriotes de métropole et d’outre-mer. 23 parlementaires (11 députés et 12 sénateurs) et 155 élus locaux (conseillers à l’AFE) œuvrent pour répondre au plus près aux attentes de nos compatriotes.

Le rôle qui me semble logique que chacun de nous joue est le suivant : les députés ont une connaissance d’ensemble des problématiques de leurs circonscriptions et des enjeux au sein de celles-ci, les sénateurs, parce qu’ils représentent toute la communauté française, apportent leur expertise sur l’ensemble d’une thématique à travers le monde et les conseillers à l’AFE, en tant qu’élus locaux, sont au contact quotidien des Français et des acteurs de premier plan de la vie locale. Ils sont donc plus que jamais un rouage essentiel de la démocratie locale et des relais importants pour faire remonter les attentes du terrain aux parlementaires.

Les domaines dans lesquels un sénateur intervient sont très variés, que ce soit en matière de simplification administrative, de politique fiscale et sociale, les questions d’enseignement et le développement de nos entreprises à l’international avec toujours en ligne de mire une vision d’ensemble. A l’instar de ce qui se passe en France, les députés, sénateurs et conseillers à l’AFE ont pour moi un rôle complémentaire pour une action efficace au service des Français dans le monde.

Au lendemain du bureau de l’AFE qui s’est tenu à Paris le 14 décembre dernier, les inquiétudes sont nombreuses sur le devenir de la représentation politique des Français de l’étranger. En effet, le gouvernement souhaite une réforme complète du système actuel ce qui, pour moi, correspond à la mort annoncée, rapide et violente, notamment de l’AFE dans sa forme actuelle. Les premiers mois de 2013 seront donc décisifs pour que les 2 millions de français qui vivent et travaillent à l’étranger ne soient pas laissés au bord de la route.

Avec qui travaillez-vous au quotidien ?

En priorité avec les Français eux-mêmes que je rencontre tous les jours dans le monde !

Pour réaliser mon travail au quotidien et me mettre au diapason des inquiétudes et des interrogations qui peuvent être de tous ordres à l’étranger, je m’appuie également bien entendu sur ceux qui les représentent, c’est-à-dire les conseillers à l’AFE.

Lors de mes déplacements, je mets également un point d’honneur à rencontrer l’ensemble des associations de Français de l’étranger mais également les parents d’élèves et les responsables de nos établissements scolaires, véritables lieux de vie et poumons de nos communautés.

Sur le plan de notre rayonnement économique à l’étranger, je m’entretiens également avec les conseillers du commerce extérieur de la France à l’étranger et les membres des chambres de commerce française à l’étranger.

Bien entendu, une grande part de mon agenda à l’étranger consiste à échanger avec nos représentations diplomatiques et consulaires pour faire le point sur nos relations politiques et les attentes locales de nos communautés (enseignement, aide sociale, sécurité, etc.).

Connaître le tissu local, sentir le pouls au jour le jour et être conscient des vraies attentes de nos compatriotes à l’étranger permet une meilleure finesse dans mes interventions auprès des organismes, administrations ou ministères dont dépendent les Français de l’étranger. Cela me permet également une plus grande précision dans mes prises de parole ou de position au Sénat.

Ou peut-on obtenir plus d’informations sur votre travail et votre actualité ?

Auprès de mon bureau au Sénat dont les portes sont toujours ouvertes !

Plus sérieusement, je n’ai pas encore trouvé le temps de créer mon blog ou mon site internet. Je préfère de loin être sur le terrain. Je suis néanmoins sur Twitter et sur Facebook où vous pouvez suivre mes déplacements et lire mes « coups de gueule ».

A l’issue des sessions plénières ou des bureaux de l’AFE, j’édite également la lettre d’actualité du groupe URDC (Union des Républicains de la Droite et du Centre) que je préside au sein de cette Assemblée.

Cette lettre a pour objectif, à mon tour, de faire redescendre le plus d’informations possible vers le maximum de nos compatriotes établis hors de France. Ainsi, Son numéro 17 les informe notamment sur les propositions du gouvernement concernant la réforme de l’AFE et des modifications apportées au dispositif  de bourses scolaires pour les enfants français scolarisés dans le réseau d’enseignement français à l’étranger.

Vous vous êtes rendu récemment en Irlande. Pouvez-vous nous dire un mot sur l’accueil que vous avez reçu et ce qui vous a particulièrement marqué de ce pays ? Quel souvenir gardez-vous de l’Irlande ?

Sénateur Frassa en Irlande avec des français de l’étranger et des irlandais!

 

Si c’était la première fois que je venais en Irlande en tant que Sénateur, ce n’était pas mon premier séjour dans le pays. Ce qui me marque le plus à chaque fois que je viens en Irlande, c’est la chaleur des gens que je rencontre et un certain art de vivre qui fait que l’on se sent tout de suite très bien où que l’on se trouve.Ce qui est toujours le plus frappant pour un « continental » quand on vient en Irlande, c’est que l’on a les quatre saisons dans la même journée.

Et, comme on dit souvent « si vous n’aimez pas le temps qu’il fait en Irlande, attendez cinq minutes ».

 

Quel conseil donnez-vous à un Français qui souhaite s’expatrier ? Lequel donneriez-vous à un nouvel arrivant en Irlande ?

Avant de s’interroger sur les conditions de l’expatriation, il importe de comprendre les raisons qui poussent à quitter notre pays pour tenter l’aventure ailleurs. En effet, beaucoup études démontrent que si l’on part parce que l’on veut fuir son pays, la probabilité d’échec est plus grande

Une expatriation se prépare le plus en amont possible et signifie souvent un changement de culture, parfois une nouvelle langue, dans la plupart des cas un nouveau poste. Prenez le temps de considérer les conditions économiques, politiques et culturelles des pays qui vous intéressent.

Impôts, Sécurité sociale, assurance, cotisations retraites… Tout est différent ailleurs et dépend de votre statut. Pour ne pas vous tromper, renseignez-vous. Consultez aussi le site du ministère des Affaires étrangères.

Si c’est souvent une opportunité professionnelle qui pousse à quitter la France, il est plus facile de s’expatrier dans un pays avec lequel on peut avoir des affinités. Donc, avant de signer, n’hésitez pas à vous documenter, interroger d’anciens expatriés ou, mieux, y passer quelques jours en famille.

L’expatriation revêt des formes juridiques diverses et variées. De plus en plus de personnes travaillent également sous contrat local, c’est-à-dire répondant aux normes du pays où ils travaillent. Et les règles s’éloignent parfois du droit social français. Là encore, il faut se renseigner.

Enfin, dans la plupart des cas, partir implique de revenir. L’expatriation n’est qu’une étape, plus ou moins longue, dans la vie professionnelle. Et le retour n’est pas forcément évident. S’il est rependu, ce « blues du retour » est plus facile à vivre si la fin de l’expatriation est bien préparée.

N’ayant jamais vécu en Irlande, je suis assez mal placé pour donner des conseils à quelqu’un qui souhaiterait venir s’y installer ; ceci dit, comme pour bien d’autres pays, le plus important est de ne jamais partir trop à l’aventure et dès que l’on arrive, bénéficier de l’expérience de ceux qui y résident déjà en contactant les associations de Français qui existent en Irlande.

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